Quantcast
Channel: Geneviève Lebouteux
Viewing all articles
Browse latest Browse all 98

Qu’est-ce qui se joue aujourd’hui à Notre Dame des Landes ?

$
0
0

Aujourd’hui, 3 mois après l’abandon du projet d’aéroport et en ce jour d’intervention policière sur la zad pour expulser « une centaine de personnes » (sur les 200 ou 300 qui y vivent), la situation est confuse, les positionnements aussi. Je suis moi même dans le trouble et j’essaie d’y voir clair.

Les positions extrêmes sont assez faciles à identifier mais le rôle qu’elles jouent l’est déjà moins.

Du côté de ceux qui veulent « vider la zad » on trouve un certain nombre de « revanchards » qui n’ont pas digéré l’abandon du projet d’aéroport et qui demandent des « compensations »  au gouvernement… « vider la zad » en fait partie. Sans faire de détails.

Du côté de ceux qui veulent rester à tout prix, certains souhaitent rester pour rester, garder une zone de non droit, pour certains par idéal politique, pour d’autres pour continuer à mener des trafics.

Entre ces deux positions, la très grande majorité de ceux qui se sentent concernés par l’avenir de cette zone, y compris semble-t-il parmi ceux qui y vivent, ont le souhait de parvenir à une situation légalisée (avec le temps qu’il faut) dans laquelle tous ceux qui ont développé des activités sur place ou portent des projets compatibles avec une agriculture respectueuse de la zone (80 % de zones humides !) puissent rester, dans laquelle l’innovation sociétale de ce qui s’est créé sur la zad au fil des années puisse se maintenir le plus possible : nous avons besoin d’innovations de ce type face à l’effondrement de notre société qui se profile dangereusement.

Une première complication/incompréhension vient du fait que pour arriver à cet objectif largement souhaité, deux points de vue divergent : un certain nombre de personnes (dont la majorité des occupants) exigent une gestion collective des terres par les organisations issues du mouvement d’opposition à l’aéroport, à l’image de ce qui s’est fait au Larzac après l’abandon du projet d’extension de camp militaire (où l’Etat est toujours propriétaire des terres et où leur gestion est déléguée à une association de paysans issue de la lutte). Ils ont adressé à la préfète, 3 jours avant l’intervention policière, un projet de Convention d’Occupation Précaire collective qui va dans ce sens. Les autres, dont je suis, partageaient cette demande initiale mais ont pris acte du refus du gouvernement de garder les terres (il veut les vendre) et de sa proposition de Conventions d’Occupations Précaires individuelles  et estiment qu’il est possible ainsi de maintenir un bon nombre d’activités, avec l’espoir que la dynamique collective subsiste au moins en partie.

Une négociation est en cours. Alors pourquoi ça barde aujourd’hui ? 1) parce que le gouvernement veut montrer « ses gros bras » et estime que c’est bon pour son image, globalement ; 2) parce que la proposition de COP individuelles est majoritairement rejetée par les occupants ; 3) parce que certains extrémistes dont j’ai parlé plus haut mettent de l’huile sur le feu et préfèrent l’affrontement violent ; dernièrement, ils ont réinstallé des barricades sur la route qui avait été rouverte à la population suite à l’arrêt du projet, donnant ainsi un argument « béton » à la police pour intervenir.

Il y a depuis longtemps sur la zad des lieux qui suscitent une grande adhésion de la population et d’autres avec lesquels les relations sont difficiles et pénibles (on l’a constaté par exemple lors de la création des sentiers de randonnée sur la zad). La préfecture a annoncé une opération d’évacuation ciblée (elle détient apparemment des informations très précises sur la zad (!) mais ne donne pas ses critères). J’espère que cette opération sera faite avec le maximum de discernement et  qu’un chemin raisonnable sera rapidement trouvé pour maintenir les expérimentations qui se vivent ici dans le respect des lieux et des personnes, elles sont utiles à tous.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 98