Aujourd’hui, troisième jour du reste de ma vie ! Après 15 années d’engagement pour la défense des terres de Notre Dame des Landes, il y aura pour moi un « avant » et un « après » 17 janvier 2018. C’est sans doute vrai pour beaucoup de ceux qui se sont engagés dans cette aventure, certains depuis bien plus longtemps, d’autres depuis moins longtemps, la plupart de tout leur cœur et avec des convictions qui se sont renforcées au fil des années.
En effet pourquoi avons-nous tenu si longtemps ?
Parce que plus les années passaient, plus les travaux que nous menions s’enrichissaient d’apports de plus en plus nombreux (pilotes de ligne, économistes, spécialistes du transport aérien, naturalistes, architectes, spécialiste de la résistance des sols…) et démontraient toujours plus l’inutilité du projet, ses conséquences destructrices et son coût pour la collectivité.
Parce que notre sens de ce qui est juste et honnête se trouvait régulièrement choqué devant les mensonges qui portaient ce projet. A ce propos, à l’heure où beaucoup de commentateurs s’interrogent sur la responsabilité des élus de l’Ouest favorables à ce projet, Jean-Marc Ayrault en tête, j’aimerais que l’on s’interroge aussi sur le rôle des fonctionnaires de la DGAC. Jusqu’où va l’obéissance d’un fonctionnaire à son gouvernement ? Je ne pense pas qu’elle aille jusqu’au mensonge, surtout sur un sujet si important. Or ce sont bien les nombreux mensonges de fonctionnaires de la DGAC qui ont, au fil des années, fabriqué et conforté ce projet d’aéroport à Notre Dame des Landes :
- En 2003, lors du débat public, l’aéroport de Nantes Atlantique est dit proche de la saturation ;
- En 2008, la Déclaration d’utilité publique est fondée sur un quadruple mensonge de la DGAC : la saturation proche, pas d’alternative, une analyse coûts bénéfices truquée pour donner un résultat positif, l’intérêt environnemental mineur de la zone ;
- En 2013, à l’issue de la commission du dialogue, la DGAC chiffre le réaménagement de Nantes Atlantique à un coût presqu’aussi élevé que celui annoncé pour NDDL (jamais réinterrogé celui-là) ; elle déclare qu’il faut casser la piste pour la refaire entièrement ; idem pour de nombreux équipements … dont le fameux chenil pour trois chiens chiffré à 600 000 euros ; la DGAC produit des cartes de bruit prévisionnels qui n’intègrent ni l’évolution de l’emport, ni celle du progrès technique et qui montrent que le bruit allait considérablement augmenter autour de Nantes Atlantique si on restait…
- En 2017, lors de la médiation, si certains fonctionnaires de la DGAC ont fait preuve d’honnêteté en prenant des hypothèses différentes de celles prises par leurs collègues en 2013 (sur le bruit, le réaménagement), d’autres ont continué à faire valoir des arguments mensongers (sur ce qui se fait ailleurs, sur le partage de la piste et l’influence des données de la météo…)
Dans toute cette histoire, on a pourtant connu un épisode où les fonctionnaires de la DGAC ont refusé d’obéir à leur Ministre, Ségolène Royal, suite à un avis favorable de la Cada (commission d’accès aux documents administratifs) : ils n’ont pas communiqué au CéDpa l’étude qui avait calculé l’énorme bénéfice en temps de trajet pour les passagers (911 millions d’euros) lié à la réalisation de l’aéroport de NDDL. Le CéDpa l’attend toujours. C’est ce (pseudo) bénéfice de 911 millions qui avait donné au final un avantage économique au projet dans l’étude Coûts-bénéfices de l’enquête publique.
Je peux comprendre la position de certains élus favorables au projet de NDDL qui disaient « la DGAC a dit que… nous on a confiance dans les fonctionnaires de l’Etat ». Certes ça les arrangeait bien et ces élus ont choisi de ne pas regarder le dossier de plus près… Mais avec ce type de réaction, la responsabilité des fonctionnaires de l’Etat est d’autant plus forte, non ?