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Channel: Geneviève Lebouteux
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Pourquoi les politiciens ont autant de mal à évoluer

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Il y a plus d’un an, j’avais publié un article concernant les cerveaux de nos dirigeants, qui sont à l’aise dans des systèmes stables. La semaine dernière, lors de la session budgétaire au Conseil régional, j’ai eu un éclairage complémentaire.

Nous voyant tous assis à nos places, figées depuis le début du mandat, par groupes politiques, et écoutant des interventions sans surprises, j’ai été frappée de notre immobilisme intellectuel. En fait, il s’explique aisément : à partir du moment où une personne représente un parti, elle adhère aux idées et positionnements de ce parti et ce corpus d’idées constitue de fait une grande part de son identité ! Une part d’autant plus grande que la personne est élue pour représenter ce parti. Consciemment ou inconsciemment, elle fait alors en sorte de protéger ces idées (croyances) et donc de refuser de les ré-examiner. Les mettre en doute, pire les rejeter, aurait un prix bien trop élevé à payer.

En outre, pour exister, un parti a impérativement besoin de marquer sa différence par rapport aux autres. Il va donc cultiver les idées qu’il a en propre et ne pas beaucoup mettre en avant celles qui sont les mêmes que le parti d’à côté, sinon, pourquoi voterait-on pour lui ? Cette logique de différentiation est typiquement celle du fonctionnement de l’ego (voir article Nouvelle Terre) et donc on n’a pas trop de mal à la mettre en oeuvre, elle nous est familière. Cultiver, renforcer les idées propres à un parti, c’est chercher ce qui va les consolider ; cela implique d’éviter au maximum de les remettre en cause.

Nous avons donc un système qui fonctionne très bien pour créer de l’immobilisme. Et c’est ainsi qu’au fil des années, les communistes restent des communistes, les socialistes des socialistes, les écologistes des écologistes, les libéraux des libéraux… Surtout quand ce sont des élus.

Bien sûr, des débats ont lieu à l’intérieur des partis (et encore ce n’est pas toujours le cas car il y a toujours des « gardiens du temple » qui veillent à protéger les tabous). Quand ces débats ont lieu, ils peuvent éventuellement permettre une évolution TRES lente des idées d’un parti, qui mettront ensuite un temps assez long à apparaitre publiquement, les intérêts du parti devant être assurés avant tout.

Aujourd’hui, un grand nombre de sujets cruciaux sont ainsi verrouillés, exclus des débats politiques importants : le dictat de la croissance, celui de l’emploi, la question de revenus déconnectés de l’activité (revenu de base inconditionnel), la légitimité de la dette publique, l’euro, la nocivité des multinationales, la faillite de l’école, etc. Et aujourd’hui le projet européen de grand marché transatlantique, qui risque de passer en douce, pour un peu plus de pire… Voir ce qu’en dit Attac sur son site.

Dans l’époque inédite que nous vivons, où les solutions toutes faites n’existent pas et où le monde de demain est vraiment à inventer, la sclérose intellectuelle des partis politiques est un problème supplémentaire. Notre système de démocratie représentative prisonnier des grands partis politiques est un boulet de plus qui freine les changements. Sans doute une explication partielle du désintérêt des Français pour la politique. Pour les prochaines élections municipales, de nombreuses listes citoyennes émergent : un signe de renouveau qui aiderait à sortir du carcan ?

Enfin, je ne peux que vous encourager à aller lire et écouter Etienne Chouard, son plan C, sa réflexion poussée sur l’intérêt du tirage au sort, etc. Malgré tout, l’innovation démocratique est en marche.


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